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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/187

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honte rageuse, je m’avouai que l’invention de Rair était efficace. Féroce, mais bienfaisante. Ma force présente, pourtant, je la devais sans doute au sang d’un homme comme moi !... Cette pensée m’irrita.

Ce n’était pas le moment de philosopher, mais d’agir.

Immobile entre deux énormes blocs de maçonnerie soulevés par l’explosion d’une bombe aérienne, qui me dissimulaient entièrement, j’entrepris de mettre un peu d’ordre dans mes idées, d’envisager ma situation et surtout les moyens de la modifier.

Un léger grincement, derrière moi, me fit me retourner.

Un flot de sang monta à mes joues : d’un des puits voisins, un homme venait de surgir. Je ne pouvais voir son visage, car il était dans l’ombre, mais je reconnaissais sa silhouette, sa démarche.

Limm ! C’était Limm, l’espion de Rair, celui qui était venu insulter à ma détresse alors que j’étais ravalé au rang des brutes, celui qui m’avait longuement épié, j’en étais sûr, et qui avait, par jalousie, par basse envie, comploté ma perte.

J’oubliai tout, les périls que je courais, ma perte certaine si j’étais repris.