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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/188

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Frémissant, j’attendis. La direction que suivait Limm allait le faire passer à trois ou quatre pas à peine de ma cachette.

Je tirai mon poignard, une arme grossière qui me rappelait les plus tristes heures de mon existence. Et j’attendis.

Limm — c’était bien lui ! — se rapprocha.

Je n’attendis pas suffisamment. Mon impatience faillit me perdre. Comme un fou, je me ruai hors de ma cachette et bondis vers l’espion.

Limm, malgré mon uniforme de milicien, malgré la demi-obscurité régnant, me reconnut instantanément.

— Xié ! s’exclama-t-il en reculant d’un pas.

Il porta la main à sa ceinture, mais, déjà, j’étais sur lui. Mon poignard s’enfonça jusqu’au manche entre ses côtes. Il tomba en poussant un cri rauque.

— Je peux mourir, maintenant, grondai-je, puisque je t’ai eu, canaille maudite !

Une expression de raillerie et de rage contracta les traits de l’espion :

— Imbécile ! siffla-t-il.

Et, en même temps que cette suprême insulte, un jet de sang gicla entre ses lèvres. Il était mort.

Je dus me retenir — je l’avoue ! — pour ne pas m’acharner sur son cadavre, pour ne pas