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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/193

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mon gant dans l’épaule de l’aériste, qui, lâchant ses manettes, s’affaissa.

De mon poignard, que j’avais d’avance placé dans ma main gauche, je coupai la sangle retenant le cadavre à l’appareil et précipitai le corps dans le vide. Puis, ayant saisi les commandes, je piquai droit vers le nord, vers Nour.

Désormais, je n’avais plus de patrie.

L’aérion était neuf et rapide. L’indicateur de vitesse accusa presque aussitôt sept cents kilomètres à l’heure. Mais, m’étant retourné, je pus voir que plusieurs obus volants filaient déjà à ma poursuite.

Je pris de l’altitude. À dix mille mètres, je m’enfonçai dans d’épais nuages dont l’humidité glaciale me transperça.

Je respirais très difficilement.

Pendant les minutes qui suivirent, je fus dans un état presque inconscient. Le hasard ou bien quelque secret instinct me fit maintenir l’appareil dans la bonne direction.

Je traversai la zone des pylônes et faillis être foudroyé. Un violent orage, qui éclata à ce moment, me sauva en dérivant les courants électromagnétiques qui eussent dû m’anéantir.

Peu après, je faillis être précipité sur le sol, dont je m’approchai à moins de deux cents mètres. Je reconnus que j’avais quitté le territoire