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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/45

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dis compte que c’était le moment du repas... Les effluves nourriciers produits par les machines à sang pénétraient à travers les pores de ma peau et me revivifiaient. Il fallait rester calme, sous peine de risquer une congestion.

— Si vous voulez m’accorder un entretien, seigneur Xié, dit enfin Toupahou, je me permettrai de vous exposer des choses de la plus haute importance — et qui ne doivent être connues que de moi et de vous, pour le moment !

Je regardai Toupahou. Quel brave garçon ! La loyauté et la franchise se lisaient dans ses yeux noirs, sur son front de vingt ans. Tout dans sa personne disait la droiture et le courage.

Pendant la durée d’un éclair, l’idée me vint que Toupahou, cédant aux ordres de son grand-père, allait m’annoncer qu’il renonçait à Silmée. J’en aurais été fort aise, après tout ; mais je savais que le chagrin eût tué ma fille.

Le cœur serré, je jetai un dernier regard à Silmée, et je fis signe à Toupahou de me suivre dans mon cabinet de travail.

— Nul ne peut nous entendre ? questionna-t-il à voix basse. Mon grand-père a fait installer dans la crypte de la pyramide des microphones sensibles aux vibrations les plus lentes, les plus courtes, et capables de différencier les voix humaines et tous les bruits...