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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/374

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long du sentier, qui va de l’arbre au village où se trouve Adenda.

Il ne voit, il n’entend rien… et, pourtant, il eût pu entendre quelque chose… Il y avait des gens, qui, à l’entrée du village s’étaient mis à crier :

Saïdjah ! Saïdjah !

Mais… qu’est-cela ?… Où est la maison d’Adenda ? Il ne la voit pas !… Non ! Non ! Il l’a passée dans la vitesse de sa course ! Ah ! voilà, qui est fort !

Il était arrivé au bout du chemin, à l’extrémité du village, et il n’avait rien vu !

Il retourne sur ses pas… il marche, furieux contre lui-même de ce qu’il avait pu dépasser, sans la voir, la maison d’Adenda.

Il marche… il court.

De nouveau, il se retrouve à l’entrée du village.

Mon Dieu ! est-ce un rêve ?

Encore une fois, il n’a rien vu, rien trouvé !

Il allait recommencer une troisième tentative, mais, la force lui manqua ; alors, il s’arrêta, et se prit entre les deux mains la tête, cette tête d’où il voulait chasser la démence qui le gagnait, et il s’écria à haute voix :

» Ivre ! Ivre ! Je suis ivre ! »

Et les femmes de Badour sortirent de leurs maisons pour regarder, pleines de pitié, le pauvre garçon qui s’était arrêté là. Elles comprenaient bien qu’il cherchait la maison d’Adenda, mais, elles le savaient, elles, qu’il n’y avait plus de maison d’Adenda dans le village de Badour !

En effet, le jour où le chef du district de Parang-Koudjang avait enlevé les buffles appartenant au père d’Adenda, la mère d’Adenda mourut de chagrin, et sa petite sœur cadette la suivit peu après dans la