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Page:Necker - Opinion, Relativement au Décret de l'Assemblée Nationale, concernant les titres, les noms, et les armoiries.djvu/8

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que l’aſcendant dans ces Aſſemblées, ne ſoit jamais réſervé qu’à la ſimple raiſon & à la confiance qu’inſpirent le patriotiſme & les vertus.

Il ſeroit bien encore d’interdire toute qualification honorifique ſur le regiſtre des Citoyens actifs, afin de rappeler aux François, dès le commencement de leur carrière, que, devenus égaux devant la Loi, ils ſeront tous également ſoutenus dans les efforts qu’ils feront pour ſervir la patrie, & que c’eſt du titre de Citoyen dont ils doivent ſur-tout ſe rendre dignes ; mais pourſuivre enſuite les diſtinctions juſque dans les actes particuliers & juſque dans l’intérieur de la vie civile, c’eſt au premier coup-d’œil une rigueur inutile. On ne pourroit veiller à l’exécution d’une pareille Loi dans le commerce de la ſociété, ſans une inquiſition abſolument contraire aux principes de la liberté. On obligeroit plus facilement à s’y conformer dans la teneur des actes particuliers, puiſque les Officiers publics, chargés de la rédaction de ces actes, pourroient être rendus garans de l’exécution de la Loi ; mais auroit-on le droit d’empêcher qu’une partie contractante, après avoir déclaré ſon nom patronimique, n’ajoutât qu’il eſt fils ou deſcendant de tel Noble de race, ou de tel qui, à telle époque, étoit légalement qualifié ? cependant par cette ſimple filiation, les diſtinctions qu’on veut éteindre, ſeroient conſtamment entretenues. Qu’on s’en fie d’ailleurs à l’induſtrieuſe vanité, du ſoin de ſe replier de toutes les manières néceſſaires pour entretenir les ſouvenirs qui la flattent. Les Grands, dans un Royaume voiſin de la France, ſe tutoyent entre eux, & ils n’ont jamais avec d’autres la même familiarité : comment donc apporter un obſtacle à toutes les diſtinctions, lorſque les formes deſtinées à exprimer les égards & le reſpect