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Page:Necker - Opinion, Relativement au Décret de l'Assemblée Nationale, concernant les titres, les noms, et les armoiries.djvu/9

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peuvent elles-mêmes ſervir à manifeſter un ſentiment de ſupériorité, & qu’ainſi tant de moyens divers ſuffiſent en des mains habiles pour conſerver les gradations établies par une longue habitude.

La véritable manière de faire tomber le prix de tous les hochets de la vanité, ce n’eſt pas de les proſcrire avec inquiétude ; on y réuſſit mieux en les conſidérant avec calme & avec indifférence ; on y réuſſit mieux en portant ſimplement toute ſon eſtime vers les talens, les vertus, & les ſervices de tout genre rendus à la choſe publique.

Ce n’eſt jamais par une Loi que l’on peut détruire les antiques opinions dans un Royaume auſſi vaſte que la France ; ces opinions ſont l’ouvrage du temps, & le temps ſeul peut les détruire : tous les grands changemens ont beſoin d’être préparés : un noble ſentiment, une ardeur généreuſe inſpirent le déſir de ramener les hommes à toute la ſimplicité des premiers principes ; mais de nouvelles mœurs, de nouvelles vertus ſeroient peut-être néceſſaires pour réuſſir ſelon ſes vœux dans une pareille entrepriſe.

On doit préſenter un autre genre de conſidération ; il importe au peuple qui vit de la diſtribution des richeſſes & du travail ordonné par les propriétaires, que l’on n’impoſe pas à une claſſe nombreuſe de Citoyens, des privations inutiles ; car ces privations pourroient les engager à chercher dans d’autres pays la jouiſſance des avantages qu’ils tiennent de leur naiſſance, comme on voit les hommes d’une grande fortune s’éloigner des contrées où les Loix ſomptuaires les empêchent de faire uſage de toute l’étendue de leurs revenus.

On eſt en doute ſur l’interprétation qu’on doit donner