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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/361

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LE DIABLE AU CORPS.


connaître. Outré pour lors d’avoir en tête le plus vif adversaire, et de se trouver dans l’alternative ou de le châtier cruellement, ou de perdre son état et l’honneur, il fit à ce détracteur le défi le plus vif. L’escogriffe, qui n’avait pensé qu’à intriguer et nullement à se faire querelle, plia, proposa de se rétracter, fit, en un mot, toutes les bassesses ; mais, mon frere… tu sais comme il était brave ?

BELAMOUR.

Jusqu’à l’excès : c’était son défaut.

LA COMTESSE.

Mon frere, donc, ne voulut entendre à aucun accommodement ; il fallut en découdre. Dans un combat à l’épée, il y eut trois lames de cassées, et plusieurs blessures de faites des deux parts, mais légeres en apparence. Ce n’était pas assez pour le Baron qui voulait absolument tuer son homme ou mourir. Il avait donc eu soin que des pistolets pussent aussi-tôt succéder à l’arme blanche : il força le quidam à tirer le premier ; l’amorce ne prit point : un second coup partit et effleura la tête du Baron, qui pourtant ne la perdit point. Tirant à son tour, il étendit sans vie le fatal auteur de tant de disgraces. On aimait assez mon frere à son régiment pour que d’avance on y fût désolé de l’avoir chagriné : sa bravoure lui ramena ceux même de ses camarades qui lui avaient été le plus défavorables. Mais le coup qu’il avait à la tête un peu trop négligé, ou quelque vice du sang, ces deux causes réunies peut-être, occasionnerent bientôt un principe de mort au-