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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/487

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LE DIABLE AU CORPS.

Nul doute que, sans les progrès cruels et subits que devait faire la maladie de l’adorable bienfaitrice, elle ne se fût donné, dès la premiere visite, le régal d’un capucineau, mets peu ragoûtant dans Paris, mais qui, pour une capricieuse, à la campagne, au défaut de quelque chose de mieux, pouvait avoir le piquant de la nouveauté. La belle Dame s’était déja dit, pour son intérieure justification, que sa gaillarde fantaisie pour l’ingénu Félix (c’était le nom du petit lai) ne devait pas être plus ridicule que celle… par exemple de la chere Comtesse de Motte-en-feu pour ce petit imbécile de Joujou[1] sans valeur, et parfaitement brut alors ; (Félix avait au moins 17 ou 18 ans.) En un mot, il était écrit, en très-lisibles caracteres, sur la bonne liste. Il ne s’agissait plus que de l’occasion : elle allait s’offrir à chaque minute ; car, qui ne connaît pas la rampante effronterie d’un moine-quêteur ! Pere Hilarion (ainsi se nommait l’ancien) eût-il été

  1. Ier volume : 2e. partie. — Ce joujou avait quitté la Marquise, à la mort de son mari, pour entrer en qualité de Demoiselle de compagnie, chez une abbesse vaporeuse et fort difficile à amuser, près de laquelle, au surplus, la douceur et les complaisances de Mademoiselle de Mondesir, réussissaient à merveilles. Elle faisait de grands progrès dans cette condition nouvelle, où, tandis que l’abbesse lui formait le cœur, un directeur fort habile se flattait de lui donner, par le fondement, (c’était sa phrase) le germe des humanités. (Note du Docteur.)