Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
LE DIABLE AU CORPS.


rebuté, consigné, ne se serait pas abstenu de reparaître ; combien, à plus forte raison, toléré, muni même d’une permission encourageante, et sur-tout amoureux ! ne devait-il pas oser planter piquet à portée de son idole ! Dès le premier jour, insinuant, flatteur et caressant avec les domestiques du dernier ordre ; complaisant et respectueux avec Nicole et Belamour ; offrant son aide à l’office, à la cuisine… à l’écurie même, si l’on eût voulu s’y servir de lui ; le frocard, tout à tous, non moins ennuyeux qu’actif, pesait déja sur les épaules de tout le monde. D’abord souffert, presqu’aussi-tôt tourné en ridicule ; bientôt enfin le jouet de la plus vile classe des valets.

Mais, comme nous l’avons déja dit, le mal de l’adorable Marquise empirant avec une incroyable célérité, l’objet intéressant n’était plus de s’amuser avec le petit frere Félix : la pauvre femme ! dès le cinquieme jour, la question fut de savoir si elle pourrait, ou non, se dispenser de mourir. En attendant, elle était devenue effroyable. Sa tête, monstrueusement enflée, n’offrait plus un seul de ces traits nagueres si charmans. Il y avait lieu de craindre que ces yeux si vifs, si voluptueux, ne fussent, hélas, fondus ! Le jour suivant fut plus cruel encore. L’Esculape à l’année[1],

  1. Tout le monde sait que les gens d’un certain ordre ont un médecin à gages, comme un receveur de rentes et un solliciteur d’affaires.