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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/489

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LE DIABLE AU CORPS.


arrivé de Paris, déclara nettement que cette situation ne permettait aucun espoir ; qu’on avait eu très-grand tort de l’appeller si tard à cette campagne… (L’impudent ! dès l’avant-veille il avait été mandé.)… En un mot, — avant vingt-quatre heures, la malade, à qui tout secours était désormais inutile, aurait rendu le dernier soupir. —

Qu’on ne demande pas si l’officieux Hilarion, qui, dans une maison bien pourvue de domestiques, avait pu se charger de mille soins profanes, crut devoir être oisif quand l’état affreux de la Marquise ouvrait, à quelqu’un de son métier, une si belle carriere pour qu’il pût être prodigue de soins spirituels. — Madame a, sans doute, beaucoup de religion ? (avait-il commencé par demander.) — C’est de quoi nous ne nous sommes jamais mêlés, révérend Pere. — En tout cas, elle a, comme tout le monde… péché ? De Paris ! jeune ! jolie !… veuve ! — Ce sont ses affaires. — Mais, dans son état d’extrême danger, il convient qu’elle songe à son salut ; qu’elle se mette en regle avec le Ciel. — C’est à elle qu’il faut en faire la proposition, si vous la jugez nécessaire. — Assurément ! il est de mon devoir d’arracher, si je puis, cette belle ame à Lucifer et de l’envoyer à l’Éternel. — Allez-vous paître : et que cette belle ame reste seulement où elle est : elle ne pourrait être mieux. — Parce Domine !