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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/547

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LE DIABLE AU CORPS.


en moi. » Nicole, pendant ce discours, tiraillait sa maîtresse avec humeur, et, haussant les épaules, voulait lui faire comprendre qu’il était inutile de faire tant de frais pour un magot… Mais, la Marquise, mieux avisée, n’avait pas imaginé, sans motifs, cette burlesque maniere de s’annoncer. Pour que son amour-propre fût parfaitement à couvert, il était nécessaire de mettre le comble à la persuasion où pouvait être Hilarion de ce somnambulisme ; de l’excès de cette prévention, il devait probablement résulter un égal excès d’exaltation chez le faux Prophete, et de moyens de jouer son rôle avec distinction…

La porte s’ouvre… Notre houri s’élance dans le sallon… Elle est absolument nue sous un peignoir de gaze transparente, ouvert pardevant, et sous un voile qui (si-tôt qu’elle a vu le radieux Musulman, sans presque lui laisser le tems d’en être vue) tombe politiquement sur le visage bigarré, et sur deux monts jadis brouillés à mort, un peu réconciliés dans leur commun malheur, mais que bientôt la santé va désunir encore… Toutes les autres beautés de face sont pleinement à découvert… C’est ainsi que les femmes, toujours éclairées sur leurs vrais avantages, savent ce qu’il faut dérober ou montrer à propos… « Pere des croyans ! (s’écrie notre inspirée, déja certaine d’avoir mis son acteur en situation) souffre qu’à tes genoux, et n’osant arrêter mes