quels le plaisir et le caprice auraient respiré l’encens
qui leur était apporté. — En regardant au
travers des croisées, on voyait l’artificier et son
escorte garnir diligemment les échafauds de l’illumination
et du feu. La bande libertine, éblouie
des lumieres, saisie de l’odeur des plus suaves
parfums, agitée de l’avant-goût du bonheur, commençait
à s’affranchir de cette gêne que des inconnus
réunis, la plupart pour la premiere fois,
ne sauraient manquer d’éprouver. Les personnes
qui s’étaient vues ailleurs se retrouvaient avec
gaieté, se livraient aux épanchemens, aux agaceries.
Déja la petite Comtesse se réjouissait de
revoir, dans le prétendu Chevalier de St. Bernard,
son ancien et solide ami Dom Ribaudin, qu’aussitôt
elle s’était fait une fête de présenter à la
Marquise. D’un autre côté, le Prélat, non moins
coquet que luxurieux, était enchanté de rencontrer
plusieurs de ses caprices[1], et leur distribuait
l’éloge ou le persifflage : mais, très-sérieusement,
il disait les choses les plus galantes et les mieux
senties à cette adorable Nimmernein, qui brillait
pour lors de toutes les graces qu’un assez long
séjour à Paris pouvait avoir ajoutées à ses charmes
naturels.
Bref : un orchestre caché n’attendait plus que
- ↑ On sait, qu’en langage libertin, on nomme caprices, les gens qu’on a eus, sans se piquer de les avoir aimés.