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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/799

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LE DIABLE AU CORPS.


Bacchante qui haïssait mortellement son frere[1], et ne s’était qu’à cause de cela, rangée du parti contraire, lui vomit des injures. La structure du Comte et son costume embarrassant, ne lui permettaient pas de boxer[2] avec Sir John, qui venait sur lui furieux. Ladi se jette entre deux par malheur : elle reçoit un si terrible coup de poing au-dessous de la gorge, que s’il eût frappé plus haut, il eût été mortel. Elle en est quitte pour aller tomber à trois pas de là, presque évanouie. Soudain l’Italien bouillant de rage, saisit un coûteau sur la table voisine ; l’Anglais en fait autant… L’arene des voluptés devenait celle du carnage, si la vaillante des Ecarts, dont on se rappelle le mâle courage et le costume belliqueux, n’était pas assez adroite pour recevoir, sur son bouclier de tôle peinte, un coup que Sir John, en vrai matelot, dirigeait vers la poitrine

  1. Elle l’avait trop, et trop malheureusement aimé. Constamment il avait dédaigné ses faveurs. Une nuit elle s’était glissée dans son lit. Il la battit. On haïrait à moins. Cependant, appellés à Paris par des affaires où leur intérêt était commun, ils logeaient dans le même hôtel, et s’enivraient même quelquefois ensemble. (Note du Docteur.)
  2. On prévoit qu’il sera nécessaire d’enrichir notre langue du mot qu’on hasarde ici, et qui signifie se battre à coups de poing et de tête. On commence si bien, en France, à singer les Anglais dans ce qu’ils ont de ridicule et de barbare, que, probablement, la mode de boxer ne tardera pas à remplacer celle des duels, si prudemment abolie. (Note du Rédacteur.)