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Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/207

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ment irréalisable, en ce qui concerne la rage, par exemple.

L’homme ne joue aucun rôle dans la conservation de la rage. Elle lui est communiquée par la morsure de carnassiers, atteints du mal, en particulier par la morsure des chiens. Par les conditions sociales de son existence qui lui permettent de contaminer aisément ses congénères, le chien est le réservoir du virus rabique et son principal propagateur. Sans doute, les autres carnassiers peuvent convoyer ce virus dans la vie sauvage. Leur isolement relatif, même entre individus d’une seule espèce, ne permettrait pas la formation d’une longue chaîne de passages. C’est donc le chien, seulement le chien qui conserve le virus rabique dans la nature. L’œuvre de suppression de la rage en devient, pour l’homme, à la fois plus aisée et plus difficile. Plus aisée, puisque les chiens domestiques sont sous sa main et que les chiens errants sont en nombre minime, faciles à détruire. Plus délicate aussi, car les liens d’amitié et d’habitude anciens qui unissent les deux espèces, les services communs échangés font considérer le chien par l’homme comme un demi frère. C’est cet attachement sentimental qui empêche les mesures excellentes de police sanitaire de faire