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Page:Nietzsche - Par delà le bien et le mal.djvu/91

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L’ESPRIT RELIGIEUX

peuples sauvages que chez les peuples assagis, la volupté la plus soudaine et la plus exubérante fait aussi partie des symptômes les plus fréquents de cette névrose, une volupté qui se transforme ensuite tout aussi rapidement en crises de pénitence, négation du monde et anéantissement de la volonté. Ne pourrait-on interpréter l’une et l’autre tendance comme de l’épilepsie masquée ? Mais nulle part on ne devrait davantage s’abstenir des interprétations. Nulle part, comme autour du type religieux, ne s’est développé autant de non-sens et de superstition, aucun ne semble avoir intéressé, jusqu’à présent, davantage les hommes et même les philosophes. Il serait vraiment temps de juger un peu plus froidement ce sujet, d’apprendre la circonspection, mieux encore de regarder ailleurs, de s’en aller. — Même à l’arrière-plan de la dernière venue parmi les philosophies, la philosophie schopenhauérienne, se trouve, presque comme problème par excellence, cette épouvantable question de la crise et du réveil religieux. Comment la négation de la volonté est-elle possible ? Comment l’homme saint est-il possible ? — Il semble vraiment que ce sont ces questions qui firent de Schopenhauer un philosophe et qui le poussèrent à débuter dans la philosophie. Et ce fut une bonne conséquence schopenhauérienne, si son disciple le plus convaincu (peut-être aussi le dernier, pour ce qui concerne l’Allemagne), je veux dire Richard Wagner,