Aller au contenu

Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et lui, paisible amant des bois et des fontaines,
Lui, noble citoyen au cœur loyal et haut,
Poussé par le torrent inconscient des haines

Où marche-t-il ? À l’échafaud !


Voyez : de la prison la porte s’ouvre à peine
Qu’au milieu de soldats, une charrette en sort,
Gémissant sous le poids de la pâture humaine

Qu’elle va jeter à la mort.


Un court frémissement fait onduler la foule :
Mille poings sont en l’air, mille cris sont poussés :
Le pesant chariot se met en marche, roule,

Et fend le peuple aux flots pressés.


Lentement, vers le lieu du supplice il s’avance,
Et le chemin est long, et tu peux accourir
Populace, et goûter la noble jouissance

D’insulter ceux qui vont mourir !