Aller au contenu

Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52

que la substance metallique lui donne quelque dureté d’auantage.

L’Esmeraude est vne eau fort nette, qui a passé à trauers des minieres d’airain, ou de coupe-rose, de laquelle l’airain est fait, et là a prins sa teinture de verre, et le sel qui a causé sa congelation : car ladite coupe-rose n’est autre chose que sel, qui est tousjours tesmoignage de ce que ie t’ay dit cy deuant.

La Turquoise est aussi vne eau, qui a distillé et passé par certaines veines des minieres d’airain et de saphre[1], et de là vient, qu’elle tient aucunement couleur des deux especes des mineraux, et y a parmy lesdites especes quelque quantité de terre, qui cause que ladite pierre n’a point de transparence, comme l’Esmeraude.

Le Saphyr, est comme dessus, vne eau bien pure, mais parce qu’elle a passé par quelque miniere de saphre, elle tient vn peu de la couleur et teinture dudit saphre.

Le Diamant n’est autre chose qu’vne eau, comme le cristal, mais il est congelé par quelque rare espece de sel, pur et munde, lequel est tellement endurci en sa congelation, qu’il est plus dur que mille des autres pierres ; et faut icy noter, que son excellente beauté procede en partie de sa dureté, et ce, d’autant que le polissement est plus beau, de tant plus la pierre est dure. Les Lapidaires disent ainsi, voila vn Diamant qui a vne belle eau, ils parlent bien, mais il y a du cristal, que s’il estoit ainsi dur qu’est le Diamant, il se trouueroit aussi lumineux et excellent en beauté, comme le Diamant, et ne cognoistroit-on aucunement la difference de l’vn avec l’autre.

Demande.

Iusques icy tu as tousiours persisté, en disant, qu’en toutes especes de pierres il y auoit du sel, i’en ay rompu plusieurs, et principalement certains cailloux, qui auoyent la propre semblance de sel : toutesfois, quand ie tastais à la langue, ie n’y trouuois aucune saueur.

Response.

Cela n’empesche point, qu’il n’y aye du sel : si tu tastes à la langue une pesle d’airain, tu n’y trouueras aucun goust,

  1. Mine de cobalt arsenifère oxydée par le grillage.