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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/178

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et leurs temps et leurs biens. Tels liures pernicieux m’ont causé gratter la terre l’espace de quarante ans, et foüiller les entrailles d’icelle, à fin de connoistre les choses qu’elle produit dans soy, et par tel moyen i’ay trouué grâce deuant Dieu, qui m’a fait connoistre des secrets qui ont esté iusques à present inconnuz aux hommes, voire aux plus doctes, comme l’on pourra connoistre par mes escrits contenuz en ce liure. Ie sçay bien qu’aucuns se moqueront, en disant qu’il est impossible qu’vn homme destitué de la langue Latine puisse auoir intelligence des choses naturelles ; et diront que c’est à moy vne grande temerité d’escrire contre l’opinion de tant de Philosophes fameux et anciens, lesquels ont escrit des effects naturels, et rempli toute la terre de sagesse. Ie sçay aussi qu’autres iugeront selon l’exterieur, disans que ie ne suis qu’vn pauure artisan : et par tels propos voudront faire trouuer mauuais mes escrits. À la verité il y a des choses en mon liure qui seront difficiles à croire aux ignorans. Nonobstant toutes ces considerations, ie n’ay laissé de poursuyure mon entreprise, et pour couper broche à toutes calomnies et embusches, i’ay dressé vn cabinet auquel i’ay mis plusieurs choses admirables et monstrueuses, que i’ay tirees de la matrice de la terre, lesquelles rendent tesmoignage certain de ce que ie dis, et ne se trouuera homme qui ne soit contraint confesser iceux veritables, apres qu’il aura veu les choses que i’ay preparees en mon cabinet, pour rendre certains tous ceux qui ne voudroyent autrement adiouster foy à mes escrits. S’il venoit d’auenture quelque grosse teste, qui voulut ignorer les preuues mises en mon cabinet, ie ne demanderois autre iugement que le vostre, lequel est suffisant pour conuaincre et renuerser toutes les opinions de ceux qui y voudroyent contredire. Ie le dis en verité, et sans aucune flatterie : car combien que i’eusse bon tesmoignage de l’excellence de vostre esprit, dés le temps que retournastes de Ferrare, en vostre chateau de Ponts, si est ce que en ces derniers iours ausquels il vous pleut me parler de sciences diuerses, asçauoir de la Philosophie, Astrologie, et autres arts tirez des Mathematiques. Cela di-ie