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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/187

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ET FONTAINES.

Practique.

Tu t’abuses en m’allegant les modelles : car ils ont trompé vn million d’hommes tant és bastiments que plateformes, batteries, pontages et desuoyements de riuieres, chaussees, leuees, ou paissieres, et singulierement aux eleuations des eaux. Car plusieurs ayants approuué l’esleuation et vuidange des eaux par modelles de pompes, ont fait de grandes entreprises, pour fonder des piliers dedans les riuieres, cuidans qu’apres que l’eau seroit remparee alentour du lieu destiné pour le fondement des piliers il seroit bien aisé de la vuider par les pompes, ont fait faire de grandes pompes suyuant les modelles qu’ils auoyent trouué veritables, en quoy ils ont estez deceus, et se sont ruinez : d’autant qu’ils n’ont sçeu faire en grand volume ce qu’ils faisoyent en petit. Autant en est-il aduenu à plusieurs sur les desuoyemens des cours des riuieres. Si inquisition estoit faite de ces choses l’on en trouueroit quelque tesmoignage à Tholouse, en l’edification d’vn pont assis sur la Garonne ; parquoy faut conclure que les pompes sont vtiles et necessaires és nauires et en quelques minieres : mais pour en faire estat pour les puits, l’on en est bien tost las, pour les causes que i’ay dites cy dessus : parquoy ie ne t’en parleray d’auantage.

Theorique.

Et quant à l’eau des puits, que t’en semble ? la treuues tu bonne ou mauuaise ?

Practique.

Ie ne puis autre chose dire des eaux des puits sinon qu’elles sont toutes froides et croupies, les vnes plus, les autres moins, et ne faut pas que tu penses que les eaux des puits procedent de quelque source : car si c’estoit de quelque source continuelle, les puits s’empliroyent soudain : parquoy est à noter qu’elles ne viennent de gueres loing : et n’est seulement que les esgouts des pluyes qui tombent à l’entour des puits : et ceux qui sont dedans les villes sont suiets à receuoir plusieurs vrines, et s’il y a des priuez circonuoisins il ne faut douter que l’eau desdits puits ne s’en resente : et ne peut-on autrement conclure, sinon que les eaux des puits sont esgouts continuels des pluyes, qui se rendent petit à petit en bas au trauers des autres. Et ce qui fait qu’aucuns puits sont meilleurs les vns que les autres, et n’est autre chose sinon que les terres