Aller au contenu

Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XI

tion didactique, mais suivant l’enchaînement le plus simple et le plus naturel. Il touche à tous les sujets, il les effleure successivement, il semble se livrer à de continuelles digressions ; mais, quelque disparates qu’elles paraissent au premier aspect, il est facile de voir que, dans son esprit, toutes ces idées sont intimement liées entre elles et se subordonnent à une pensée primordiale. Son premier objet, dit-il, est de se montrer reconnaissant envers ses bienfaiteurs ; or, dans l’impossibilité de leur offrir un meilleur témoignage de sa gratitude, il leur adresse les résultats de ses méditations et de sa longue expérience. Il veut, en mettant en lumière des secrets qu’il croit propres à multiplier les biens et les vertus des hommes, obéir à ce divin précepte : « Que chacun ait à manger son pain au labeur de son corps, et à répandre les talents que Dieu lui a donnés. » Il faut peu d’efforts, selon nous, pour saisir la suite naturelle des idées qu’il développe dans ce petit livre, et pour montrer leur rapport avec la pensée principale qui le préoccupait en l’écrivant.

Ainsi il annonce, en débutant, qu’il cherche un lieu propre à établir un jardin, qui serait destiné à récréer son esprit fatigué du spectacle des maux publics, et à servir de retraite dans les jours de persécution. En se promenant au bord de la Charente, il s’imagine entendre des chœurs de jeunes vierges chantant le psaume 104e du Roi-Prophète, et il songe d’abord à reproduire dans un vaste tableau les admirables descriptions de ce psaume. Puis il vient à penser qu’il vaudrait mieux représenter en nature toutes ces merveilles, et faire de ce délicieux jardin comme un lieu de refuge en temps de calamités publiques. Il s’étend à cette occasion sur l’utilité de l’agriculture, et regrette que la terre soit généralement cultivée avec si peu d’intelligence. Il montre que la philosophie, c’est-à-dire l’observation attentive de la nature, est indispensable à ceux qui s’en occupent, et il donne en passant quelques bons préceptes à ce sujet, fruits de ses remarques particulières. C’est là entre autres qu’il place sa théorie chimique des