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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/20

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XII

engrais, et qu’il recommande à l’égard des fumiers une pratique excellente trop long-temps ignorée ou négligée par les agriculteurs. Il prescrit le meilleur mode de couper les bois et la saison la plus propre à cette opération ; il examine les causes de la configuration du sol, la variété des terrains, les différentes formes des pierres, des gemmes, des cristaux ; il émet sur la théorie des sels une idée neuve et hardie, et en généralise la définition plus qu’aucun chimiste ne l’avait fait avant lui. Il explique l’origine des fontaines, la manière dont les pierres précieuses et les métaux sont engendrés dans le sein de la terre. Enfin, revenant à son sujet primitif, il donne le dessin, l’ordonnance générale du jardin et de l’agréable retraite qu’il se propose d’édifier. C’est alors que, laissant toute carrière à son imagination capricieuse et poétique, il décrit non-seulement les dispositions générales de ce lieu de délices, mais aussi la construction des cabinets qu’il place dans ses divers compartiments. Il ne manque pas de les orner d’ouvrages en terre cuite, peinte, émaillée, et de toutes ces pièces qu’il nomme rustiques, parce qu’elles représentaient de petits monuments champêtres, des rochers, des fontaines, des bosquets, des animaux et des coquillages. Il n’avait garde de négliger d’y réunir les beaux effets de l’architecture monumentale aux dispositions naturelles des plantes et des arbres. Ne perdant jamais de vue la pensée morale et religieuse, il orne toutes ses constructions de maximes tirées de l’Écriture, afin qu’au milieu des riantes délices de ce lieu enchanteur l’homme ne puisse jamais oublier son origine, ses devoirs, et la Providence, auteur de tous ces biens. Chemin faisant, il s’égaie par d’excellents traits de satire sur les fourbes, les simoniaques, les sinécures ecclésiastiques, l’avarice et la cupidité. C’est pour fuir tous ces maux, tous ces vices, qu’il veut se retirer dans l’asile, objet de son rêve poétique, et que, dans son illusion, il regarde comme déjà créé. Alors, dans une sorte d’extase, il peint les merveilles de la végétation, il admire l’instinct des animaux, il assiste à