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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/213

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ET FONTAINES.

rement qu’elle y aye esté mise et portee par les postes et messagers de Dieu, sçauoir est, les vents, pluyes, orages et tempestes, comme il est escrit que ce sont les herauts de la iustice de Dieu. Or donc les eaux des cauernes y ont esté mises par les pluyes engendrees tant des eaux qui sont esleuees de la mer, que de la terre et de toutes les choses humides, lesquelles en dessechant les vapeurs aqueuses, sont esleuées en haut pour tomber de rechef. Voila comment les eaux ne cessent de monter et descendre ; comme le Soleil et la Lune n’ont en eux nul repos, semblablement les eaux ne cessent de trauailler à engendrer, produire, aller et venir ainsi que Dieu leur a commandé.

Theorique.

Tu as cy deuant conclud comme par vn arrest definitif, que toutes les sources des fontaines et fleuues ne procedent d’autre chose que des eaux de pluyes, chose fort esloignée de toute opinion commune ; ie te prie donne moy quelque raison qui aye apparence de verité, pour me faire croyre que ton dire soit fondé sur quelque preuue legitime.

Practique.

Au parauant que venir aux raisons, il te faut considerer la cause des montagnes, et consequemment des vallees, et ayant consideré de bien pres ces choses, tu entendras directement la raison pourquoy en certaines contrées l’on ne peut trouuer aucune source d’eau, non pas mesme souz la terre, pour faire des puits : Et quand tu auras entendu ces choses, il te sera aisé à croire que toutes fontaines ne procedent que des sources prouenantes des pluyes. Venons donc à la connoissance des montagnes, pourquoy c’est qu’elles sont plus hautes que la terre ; Il n’y a autre raison que celle de la forme de l’homme : car tout ainsi que l’homme est soustenu en sa hauteur et grandeur à cause des os, et sans iceux l’homme seroit plus acroupy qu’vne bouze de vache ; en cas pareil si ce n’estoit les pierres et les mineraux qui sont les os de la forme des montagnes, elles seroyent soudain conuerties en vallees, ou pour le moins tous pays seroyent plats et à niueau, par les faits des eaux, qui descendroyent auec elles des terres et montagnes droit aux valees. Ayant mis en ta memoire une telle consideration, tu pourras connoistre la cause pourquoy il y a plus de fontaines et riuieres proce-