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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/215

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ET FONTAINES.

dessous de l’eau quelque terre argileuse, pierre, ou ardoize, ou mineral, qui retiennent les eaux des pluyes quand elles auront passé au trauers des terres ; tu me pourras mettre en auant que tu as veu plusieurs sources sortant des terres sableuses, voire dedans les sables mesmes : À quoy ie respons, comme dessus, qu’il y a dessouz quelque fond de pierre, et que si la source monte plus hault que les sables, elle vient aussi de plus haut : et ne t’abuses point en ta seule opinion : car tu ne trouueras iamais raisons plus certaines que celle que ie t’ay mis en plusieurs endroits de ce discours, et si tu ne me veux croire, c’est à moy grande folie de t’en parler d’auantage. Parquoy ie feray fin de la cause des sources de fontaines.

Theorique.

À la verité il y a longtemps que nous sommes sur ce propos, et i’ay esté bien deçeu : par ce que dés le commencement tu m’as promis de me monstrer à faire des fontaines és lieux steriles d’eau, et en quelque part que ie voudrois ; mais iusques icy tu ne m’en as pas dit encores vn seul mot.

Practique.

Tu n’es gueres sage ; ne crois tu pas que le Medecin prudent, n’ordonnera iamais vne medecine à vn malade, si premierement il ne connoist la cause de la maladie ? en cas pareil ne faloit il point que, au parauant que t’apprendre à faire des fontaines, ie te montrasse la cause de celles qui se font naturellement ? Ne sçais-tu pas que ie t’ay promis dés le commencement de t’apprendre à faire des fontaines à l’imitation de celles du souuerain fontenier ? et comment cela se pourroit il faire sans premierement contempler les natures ? voila pourquoy ie t’ay voulu inciter à te faire entrer en vne telle contemplation. Et combien que cy deuant ie t’aye beaucoup parlé de l’essence des sources, si est ce que ie te veux encore faire entendre qu’il est impossible qu’elles puissent proceder de la mer, pour vne cause que i’ay oublié à dire cy deuant, qui est qu’il n’y a rien de vuide sous le ciel, et que lors que la mer se retire des canaux, concauitez, trous ou voyes où elle estoit entree quand elle estoit haute, les eaux n’ont pas si tost laissé lesdits trous ou canaux vuides, qu’ils ne soyent remplis d’aër, et si l’eau retournant de la mer vient à enclorre et enfermer l’aër qui aura pris possession en son absence dans