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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/222

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DES EAUX

pour abattre la trop grande violence des eaux, et tant s’en faut que ie te conseille de les coupper, que s’il n’y en auoit point ie te conseillerois d’y en planter : car ils te seruiroyent pour empescher que les eaux ne puissent concauer la terre : et par tel moyen l’herbage sera conserué, au long duquel herbage les eaux descendront fort doucement droit à ton receptacle : Et te faut noter vn poinct singulier, lequel n’est conneu que de peu de gens, qui est que les fueilles des arbres qui tomberont dedans le parterre et les herbes croissantes au dessouz, et singulierement les fruicts, s’il y en a aux arbres, estant putrifiees, les eaux du parterre attireront le sel desdits fruicts, fueilles et herbages, lequel rendra beaucoup meilleure l’eau de tes fontaines, et empeschera toute putrefaction. Quand nous parlerons des sels tu pourras plus clairement connoistre ce poinct : parquoy ie ne t’en diray plus.

Theorique.

I’ay vne autre maison champestre : mais la montagne est bien à demy quart de lieüe à costé de ma maison : n’y auroit il point de moyen d’y faire venir la fontaine ? car quand les eaux descendent, elles s’en vont tomber dedans des prairies assez loing de ma maison.

Practique.

N’as tu pas moyen de remparer les eaux au pied de la montagne, et leur faire prendre le chemin vers le costé de ton heritage ? et quand tu les auras amenées jusques à la plaine, deuers le costé de ta maison, il te les faudra amener le surplus du chemin par tuyaux de plomb, de terre, ou de bois : tu feras bien cela ; c’est chose bien aisée.

Theorique.

Et si ie voulois faire vne fontaine en vn lieu champestre, que la terre fut à niueau, comme l’on voit communement aux campagnes, y auroit il quelque moyen d’en faire ?

Practique.

Ouy bien : mais c’est à plus grand frais que non pas és montagnes : d’autant que là où la place est droicte, il luy faut donner pente à force d’hommes.

Theorique.

Comment est il possible de luy donner pente si elle n’y est de nature ?