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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/223

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ET FONTAINES.

Practique.

Encores n’est ce pas le pis : car il est bien aisé de donner pente à force d’hommes : Mais le pis est qu’estant haussée d’vn costé et abaissée de l’autre, il la faut necessairement pauer : car autrement tout ne vaudroit rien.

Theorique.

Il faut donc conclure tout en vn coup que cela ne se peut faire : parquoy il n’en faut plus parler.

Practique.

Si fait, si fait : et la chose est bien aysée, moyennant que l’on veuille employer du temps et de l’argent.

Theorique.

Ie te prie me dire comment tu y voudrois proceder.

Practique.

Ie voudrois, en premier lieu, choisir vn champ bien pres de la maison, et selon la grandeur de ma famille ie voudrois faire mon parterre, et ayant tendu mes cordeaux, i’aurois vn nombre de mercenaires, ausquels ie ferois oster la terre du bout prochain de la maison où ie voudrois faire les receptacles, et la ferois porter à l’autre bout de mon parterre, et par ce moyen ie n’aurois pas si tost baissé la partie prochaine de la maison de deux pieds, que l’autre partie ne se trouuast plus haute de quatre pieds, qui seroit vne hauteur assez capable pour amener toutes les eaux des pluyes qui tomberoyent dedans ton parterre, les frais de cela ne sont pas si grands qu’ils vaillent le disputer. Mais quant aux frais du paué, il pourroit couster plus ou moins, selon la commodité des estoffes qui se trouueront pres du lieu.

Theorique.

Et quel besoing est il de pauer ce parterre ?

Practique.

Par ce que tu m’as dit que c’est vn pays plat, et que tu as tasché à y faire des puits, où tes predecesseurs et toy auez beaucoup despendu, et si n’auez sçeu trouuer d’eau, ie t’ay dit cy deuant que si toutes terres estoyent sableuses et spongieuses, que les eaux des pluyes passeroyent soudain, qu’elles seroyent cheutes : et que si toutes terres estoyent ainsi, que iamais ne pourroit y auoir source de fontaine, et que les fontaines ne sont causees que de ce que les terres sont foncées de