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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/257

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ET ALCHIMIE.

tu vois les noix et les chastaignes qui ont vne robbe excrementale, et deslors qu’elles viennent à leur perfection elles iettent en bas leurs robbes comme vn excrement inutile. Ainsi toutes semences ou plantes vegetatiues, produisent quelque chose pour leur aider et seruir pour vn temps seulement. Semblablement ceux qui affinent les mines des metaux, separent le souphre d’auec le metal, comme chose inutile, tout ainsi comme le laboureur separe le bled d’auec la paille. Voila pourquoy ie te di que le souphre vulgaire n’est pas tel comme lors qu’il a generé les metaux, et qu’au parauant ce ne pouuoit estre qu’vne huile inconnue ; tout ainsi que tu vois que la gomme n’est qu’vne eau quand elle est au dedans de l’arbre, et quand elle est sortie, et qu’elle decoule le long de l’arbre elle se desseche et endurcist, et lors elle prend le nom de gomme. La terebentine est vne huile qui distille des piniers, et quand elle est cuitte elle s’endurcist, et puis s’appelle poix rasine. Voila comment il faut que tu entendes que la generation des metaux est faite par matieres et vertus incognues aux hommes. Et ne pense pas que le vif argent soit autre chose qu’vn commencement de metal, fait ou commencé par vne matiere aqueuse et salsitive. Ie ne dis pas de sel commun : car ie sçay que le nombre des especes de sels est infiny à nostre connoissance, comme ie te feray entendre cy apres en parlant des sels.

Theorique.

Tu es terriblement prompt à detracter des Philosophes, et c’est la plus belle chose du monde que la Philosophie, car par Philosophie l’on fait des distillations les plus vtiles pour la medecine que chose que l’on sçauroit trouuer : mesme l’on tire par Philosophie toutes senteurs, vertus et saueurs, tant des espiceries que de toutes choses odoriferantes.

Practique.

Tu te moques bien de moy, de dire que i’ay en haine la Philosophie, et tu sçais bien que ie n’ay rien en plus grande recommandation, et que ie la cherche tous les iours, et ce que i’en parle n’est pas contre les Philosophes actuels et dignes de ce nom. Mais ie parle contre ceux qui meritent plus d’estre appellez antiphilosophes que Philosophes. Car ie louë grandement les distillateurs et tireurs d’essences, et estime cette science grandement vtile et proufitable. Ie n’entens parler si-