Aller au contenu

Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XIX

essaya parfois de s’en excuser, puis il en prit son parti et alla même jusqu’à montrer à ce sujet un dédain assez piquant. C’est ainsi que dans l’un de ses dialogues, Practique, suivant son habitude, après avoir harcelé Théorique, pulvérisé ses faux raisonnements et renversé ses systèmes préconçus, finit par lui lancer cette apostrophe : « Or, vas quérir à présent tes philosophes latins, pour me donner argument contraire, lequel soit aussi aisé à connoistre comme ce que ie mets avant. »

C’est pendant le carême de 1575 que Palissy ouvrit pour la première fois ces conférences, qui furent continuées jusqu’en 1584. Mais déjà il songeait à résumer les principales données, fruits de ses longues investigations, dans un ouvrage qui est devenu son plus beau titre de gloire aux yeux des hommes de science. Cet ouvrage parut, en 1580, sous le titre de Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu’artificielles ; des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux ; avec plusieurs autres excellents secrets des choses naturelles, etc. C’est dans ce livre que l’on peut juger des pas immenses qu’eussent pu faire les sciences physiques et naturelles sous l’influence du génie d’un seul homme, si le nom de cet homme eût eu plus d’autorité et si les enseignements qu’il livrait à son siècle eussent eu plus de retentissement. Il ne s’agit plus ici, comme dans la Recepte véritable, d’une sorte de causerie éparpillée sur mille sujets divers, d’ailleurs peu approfondis ; mais bien d’une réunion de traités ex professo sur des points déterminés de physique générale, de chimie, de géologie et d’histoire naturelle, auxquels l’auteur joignait d’excellents préceptes sur son Art de terre, point de départ de tous ses travaux, et où venaient finalement aboutir toutes ses méditations et ses études. Ce n’est plus l’artisan obscur et illettré essayant de payer la dette de la reconnaissance à l’aide de quelques receptes sur les secrets de son art, de quelques vues modestes sur les sujets ordinaires de ses rêveries ; c’est le véritable savant, riche des connaissances qu’il a acquises par quarante ans de