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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/28

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travaux et de recherches, le professeur fier d’avoir expliqué les phénomènes de la nature et les principes des sciences aux hommes les plus éclairés de son époque, et qui en écrit le résumé didactique dans toute la maturité de l’âge, de la réflexion et de l’expérience. Ce ne sont plus enfin des hypothèses, des aperçus ingénieux, des théories plus ou moins spécieuses ; mais des faits positifs, des démonstrations appuyées sur des exemples palpables, des vues larges et hardies sur les points les plus importants des hautes sciences ; sortes de révélations du génie qui, pour la plupart, ont été confirmées par la science plus réfléchie et plus analytique des siècles postérieurs[1].

C’est surtout dans le Traité des eaux et fontaines que Palissy a traité avec une supériorité remarquable plusieurs hautes questions de physique générale. Après avoir jeté un coup d’œil sur les eaux de puits, de mare, de citerne et de source ordinaires, il parle des moyens de conduire les eaux d’un point à un autre à l’aide des pompes, des tuyaux ou des aqueducs, et il compare ces différents moyens. Il remarque que les eaux de source sont fréquemment altérées par les matières salines, bitumineuses ou minérales contenues dans le sol qu’elles traversent, et qui les rendent parfois efficaces dans certaines maladies. À l’égard des eaux thermales, il attribue leur chaleur à un feu continuel placé au sein de la terre. Il regarde la force combinée de ce feu central et de l’eau réduite en vapeur comme la cause des volcans et des tremblements de terre. Il ajoute que cette force, capable de renverser des montagnes, n’est point encore connue des hommes ; et cependant il s’était rendu compte de son extrême puis-

  1. Lorsqu’on apprécie les travaux d’un savant d’une époque éloignée, on ne saurait procéder de la même manière que lorsqu’on analyse ceux d’un auteur contemporain. Il est évident qu’il faut surtout s’attacher à signaler les points de la science qu’il a fait avancer, ses découvertes, ses prévisions, son influence, et non à relever ses erreurs, qui furent celles de son siècle, et qui montrant uniquement qu’il n’a pas appliqué à tous les sujets sa sagacité ordinaire, et la rectitude habituelle de ses méditations.