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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/29

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XXI

sance, non on l’étudiant, comme il le dit, « dans le livre des philosophes », mais en faisant bouillir de l’eau dans un chaudron, en appliquant le feu à ses ouvrages de terre, et en observant une pomme d’airain contenant un peu d’eau, « et eschauffée sur les charbons. »

Plus loin, il combat l’opinion alors générale que les fontaines étaient produites, soit par l’infiltration des eaux de la mer, soit par l’évaporation et la condensation des eaux contenues dans des cavernes au sein des montagnes ; hypothèse que, cinquante ans plus tard, Bacon soutenait encore. Palissy prouve que les eaux de source proviennent de l’infiltration des eaux des pluies, lesquelles tendent à descendre dans l’intérieur de la terre jusqu’à ce qu’elles rencontrent un fond de roc ou d’argile imperméable, qui les contraigne de s’arrêter et de se faire jour à la partie la plus déclive du terrain qu’elles ont traversé. Il ajoute que ce serait là le moyen d’établir des fontaines artificielles, « à l’imitation et le plus prés approchant de la nature, en ensuyvant le formulaire du souverain fontainier…, et ce d’autant qu’il est impossible d’imiter nature en quoi que ce soit, que premièrement l’on ne contemple les effets d’icelle, la prenant pour patron et exemplaire. » Et il décrit ce procédé avec une précision et une clarté parfaites. Il explique enfin les fontaines jaillissantes en déclarant que ce phénomène n’a lieu qu’à la condition que les eaux proviennent d’un point plus élevé que celui où elles se montrent, et par contre que « les eaux ne s’élèvent jamais plus haut que les sources d’où elles procèdent. » C’est ainsi que ce physicien naturel saisissait d’un seul coup d’œil l’ensemble du phénomène de la circulation des eaux à la surface comme à l’intérieur du globe, en même temps que le système des lois auxquelles obéissent les liquides, et qui forment aujourd’hui les bases fondamentales de l’hydrostatique.

Mais ces questions élevées de physique n’étaient pas les seules qui le préoccupaient. Quelques savants ayant avancé que les glaces ne se formaient pas à la surface, mais au fond