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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/284

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DES GLACES.

treme, et autres qui estoufent les esprits vitaux, se rangeant communement au cerueau, s’esleuant en quelque vapeur aërée. En la mer Oceane, enuiron le temps de Pasques, il se prend vn grand nombre de poissons, qui sont grands comme enfans, que l’on nomme maigres[1], desquels les pescheurs font grand argent. I’ay veu plusieurs fois des hommes et des femmes, qui ont pelé par le corps, les mains et le visage, pour auoir mangé du foye desdits poissons, et dit on que cela se fait quand ledit poisson se prend lors qu’il est en chaleur. Or parce que les natures des diuers venins sont si mal aisées à connoistre, i’ay dit par maniere de dispute, que ie ne puis croire qu’vne composition de trois cents simples puisse estre si bonne comme celle de Mitridates, qui n’est composée que de quatre seulement.


DES GLACES.


Theorique.


I e ne vis iamais homme si opiniastre que toy : car depuis que tu as quelque chose en ta teste, il est impossible de te faire croire le contraire. Cela me fait souuenir d’un iour que tu estois au long de la riuiere de Seinne, vis à vis des tuileries, où plusieurs personnes, mesme des bateliers, disoyent et soustenoyent que les glaces qui courent sur la riuiere, quand il gele fort, sortoyent du fond d’icelle, toutefois tu soustenois le contraire par ton opiniastreté.

Practique.

Appelles tu opiniastreté de soustenir la verité ?

Theorique.

Et quoy persistes tu encores en ta folle opinion ?

  1. C’est le maigue, fégaro, ou aigle de mer, sciæna aquilaC.