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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/288

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DES GLACES.

des fosses et concauitez du fond de la riuiere : et outre cela, il ne se pourroit faire qu’ils n’apportassent auec eux de la terre ou sable du lieu où ils se formeroyent : et si ainsi estoit que les eaux se gelassent au fond, il faudroit que les froidures vinssent du dessous de la terre : ce qui seroit contre verité. Car si elles venoyent du fond de terre il faudroit que toutes les sources des fontaines gelassent les premieres, et consequemment les puits, et les vins qui sont dans les caves : et si la froidure vient de l’air (comme la verité est telle) et qu’elle causast geler les eaux au fond, il faudroit que la riuiere fut plus spongieuse que nulle chose de ce monde, encores geleroit elle dessus le premier, puis qu’ainsi est que la froidure vient de l’air. Mais tant s’en faut qu’elle soit spongieuse, que ie ne trouue rien plus allié qu’elle est : et qu’ainsi ne soit, tu le peux connoistre par elle mesme, quand elle est glacee : car il n’y a ny trou, ny veine, ny artere : tu le peux aussi connoistre par les diamans, qui sont d’vne eau pure congelee : que s’ils estoyent tant peu soit poreux, ils ne prendroyent nul polissement. Il faut donc conclure que la froidure vient de l’air, et que la riuiere est alize ou condensee comme le cristal, et que la froidure de l’air vient dessus, et ne sçauroit passer iusques au fond de l’eau, et qu’il y a vne chaleur naturelle au fonds d’icelle, aidee en partie par plusieurs petites sources, qui procedent du fond de la terre, qui causent que les poissons conseruent leur vie au plus profond des eaux.

Theorique.

Pose le cas qu’ainsi soit : toutesfois il me semble qu’il n’estoit pas besoin d’en faire si long discours, et que le temps seroit bien mieux employé à parler des autres choses, dont tu m’as fait promesse.