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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/289

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DES SELS DIVERS.


Practique.


I avois bien pensé qu’apres l’or potable et le Mitridat, ie te parlerois des sels : mais toi-mesme m’as interrompu, en me reprochant la dispute que i’avois euë autresfois des glaces. Or venons donc en propos : Car ie te veux montrer qu’il n’est nulle chose sans sel. Si tu es homme d’esprit (comme ie t’estime) tu connoistras plusieurs secrets en parlant desdits sels, qui te pourront mieux asseurer de l’impossibilité de la generation des metaux : et ce d’autant que les sels seruent beaucoup à ceux qui se meslent d’adulterer, augmenter et sophistiquer les metaux.

Theorique.

Et comment ? tu dis des sels, comme s’il y en auoit de plusieurs sortes.

Practique.

Ie te di qu’il y en a vn si grand nombre qu’il est impossible à nul homme de les pouuoir nommer, et te dis d’auantage, qu’il n’y a nulle chose en ce monde, qu’il n’y aye du sel, soit en l’homme, la beste, les arbres, plantes, ou autres especes de vegetatif : voire mesme és metaux : et di encores plus, que nulles choses vegetatiues ne pourroient vegeter sans l’action du sel, qui est és semences ; qui plus est, si le sel estoit osté du corps de l’homme, il tomberoit en poudre en moins d’vn clin d’œil. Si le sel estoit séparé des pierres qui sont és bastiments, elles tomberoyent soudain en poudre. Si le sel estoit extrait des poutres, soliues et cheurons, le tout tomberoit en poudre. Autant en dis-ie du fer, de l’acier, de l’or et de l’argent, et de tous metaux. Qui me demanderoit combien il y a diverses especes sels, ie respondrois qu’il y en a autant que de diuerses especes de saueurs et senteurs.