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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/30

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XXII

des rivières, Palissy, à l’aide d’arguments très-probables, montra que la première supposition était seule admissible. C’est là, du reste, une question encore controversée, et sur laquelle la science moderne ne paraît pas avoir dit son dernier mot. Ailleurs il démontre la porosité des corps, en se fondant sur des exemples ingénieux, des observations neuves et qui lui sont propres. Il remarque la tendance qu’ont certaines substances à se rapprocher lorsqu’elles sont abandonnées à elles-mêmes, et il donne à la force qui les réunit le nom d’attraction. Enfin, en cherchant la cause des couleurs irisées que présentent certains coquillages, il annonce, pour la première fois, que l’arc-en-ciel ne se produit que lorsque « le soleil passe directement au travers des pluies qui lui sont opposites. » N’était-ce pas pressentir la décomposition de la lumière avant Dominis, Descartes, Newton, et rapporter, avant Galilée, à des causes naturelles certains phénomènes que l’ignorance avait fait jusque-là regarder comme des prodiges ?…

Voilà le physicien ; essayons d’apprécier le chimiste, et n’oublions pas que nous sommes au siècle où, sous l’influence de Paracelse, d’Agricola, et des nombreux sectateurs de leur école, l’alchimie préoccupait les meilleurs esprits, les uns sérieux et de bonne foi, les autres avides et fascinés par l’espoir de parvenir à un immense résultat. Or, si le nombre des adeptes était grand, celui des dupes l’était encore davantage. Palissy combattit cette grande erreur, d’abord parce qu’à l’aide de son jugement droit et pénétrant il en avait reconnu toute la vanité ; mais aussi parce que, esprit sévère et consciencieux, il croyait de son devoir de stigmatiser les fourbes et de venir en aide à la faiblesse des hommes simples et crédules. Il montra que la recherche du grand-œuvre reposait avant tout sur un principe honteux d’avarice et de paresse. Il dévoila les supercheries des alchimistes jongleurs ; il jeta un blâme sévère sur les hommes qui ne cherchent dans la science que l’occasion de s’enrichir, et qui se disent philo-