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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/309

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DES PIERRES.


Theorique.


J e suis fort aise d’auoir entendu ce discours du sel commun : car ie ne pensois pas qu’il se fit auec tant de labeur, et cela meriteroit bien d’estre mis en lumiere. Car ie croy fermement que nul des Cosmographes n’en ont iamais parlé. Maintenant ie te prie de me parler des pierres : d’autant que tu m’as dit qu’en parlant d’icelles ie connoistrois de beaux secrets. Ie voudrois bien sçauoir que tu en veux dire : car les vns disent qu’elles ont esté formées dés la creation du monde, et les autres disent qu’elles croissent tous les iours.

Practique.

D’autant que ie t’ay veu si fort attaché à l’alchimie, ie suis content de te parler des pierres : car peut estre qu’en parlant de la formation et essence d’icelles, tu pourras te reduire à mon opinion. Ceux qui disent que les pierres sont formées dés la creation du monde errent, et ceux qui disent qu’elles croissent errent aussi. Or il faut que tu rememores ce que i’ay dit plusieurs fois en parlant des fontaines et de l’alchimie, qu’il n’y a nulle chose sous le ciel en repos, et que toutes choses se trauaillent en se formant, et en se deformant tournent bien souuent de nature à autre, et de couleur à autre. S’il estoit ainsi que les pierres eussent esté creées dés la fondation du monde, et qu’il ne s’en fit plus l’on n’en pourroit plus trouuer à present. Considere la grande quantité de pierres qui est consumée tous les iours : vne partie par les gelées qui la font venir menue comme cendres : une autre partie par les fours à chaux : autre partie par les maçons et tailleurs de pierres. C’est chose certaine qu’en faisant vn logis de pierre de taille la moitié s’en ira en poussiere à coups de marteau, aussi tu sçais que les cheuaux, chariots et charrettes,