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DES PIERRES.

la nature du sel nommé coperose, ou vitriol, ne peut faire autre chose que conuertir en airain les choses qu’il treuue au lieu où il fait sa demeurance. Ie te donne ce trait pour vn poinct inuincible et bien asseuré.

Theorique.

Tu le dis que c’est un poinct bien asseuré. Ouy si ie te veux croire. Voila toute l’asseurance que ie sçaurois auoir de toy.

Practique.

Ie ne t’ay pas mis ces poincts en auant sans que i’en feusse bien asseuré. Il y a long temps qu’on m’a asseuré qu’il y a vn personnage de qualité, au pays d’Auuergne, qui a un pal, lequel a esté arraché d’un estang, lequel s’est trouué partie en bois, partie en pierre, et l’autre partie en fer. Sçauoir est, la partie qui estoit dans terre estoit conuertie en fer, et la partie qui estoit dans l’eau conuertie en pierre, et la partie qui restoit hors de l’eau, est encores bois. Quand i’eus entendu vne telle chose, ie me mis en deuoir d’en sçauoir la cause : Et quelque iour en cerchant de la terre argileuse, ie trouuay plusieurs pieces de bois reduites en metal : Et i’apperceu que dedans ladite terre y auoit grande quantité de vitriol : Lors ie conneus que ainsi que le bois se putrifioit en la terre il s’abbreuoit de ceste matiere salsitiue ou vitriolique, qui causa la congelation et transmutation de la nature du bois, en matiere metallique : et par ce que ie sçauois bien que le bois le plus salé estoit le plus prompt à se reduire en pierre, ie mis peine de connoistre de quelle espece de bois estoyent ces pieces metalliques, et le conneus par la forme d’icelle : car ayant consideré qu’autrefois le lieu où ie les auois trouuees, auoit esté planté de vignes, lesquelles auoyent esté arrachées, pour tirer de la terre d’argile et faire des tuilles, ie vis que lesdites pieces de bois metallisées estoyent semblables aux iambes et pieds des vignes qui auoyent esté arrachées dudit lieu. Lors ie ne doutay plus que ce ne fut lesdits pieds de vignes, qui auoyent esté transmuez de bois en metal : non pas par le moyen du feu, comme les alchimistes cherchent à faire, hors la matrice de la terre. Car ie trouuay et contemplay de bien pres que ces choses auoyent esté transmuées dans ladite terre d’argile, qui est de ceste nature froide : dont quelques vns ont dit que pour ceste cause elle restreint le flus de sang,