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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/328

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DES PIERRES.

y auoit grande quantité de coquilles petrifiées, qui me causa me transporter sur ledit lieu, pres d’un hermitage joignant la montaigne dudit lieu, auquel ie trouuay grand nombre de diuerses especes de coquilles de poissons semblables à celles de la mer Oceane et autres. Car parmi icelles coquilles s’en treuue de pourpres et de bucines de diuerses grandeurs, bien souuent d’aussi longues que les iambes d’un homme, lesquelles coquilles n’ont point esté petrifiées, ains sont encores telles comme elles estoyent quand le poisson estoit dedans ; qui te doit faire croire qu’il y a autrefois eu des eaux en ce lieu là, qui produisoyent les poissons qui ont formé les dites coquilles : mais d’autant qu’il y a eu faute d’eau commune et d’eau generatiue, la montagne ne s’est peu lapifier, ains est demeurée en sable, et si ladite montagne se fut petrifiée comme celle des Ardennes et plusieurs autres, lesdites coquilles se fussent aussi petrifiées, et en quelque endroit que la roche eust esté coupée, icelles se fussent trouuées incastrées au dedans d’icelle roche, en pareille forme que tu voids celles des carrieres de sainct Marceau lés Paris. Depuis auoir veu ladite montagne i’ay treuué vne autre montagne, pres la ville de Soissons, où il y a par milliers de diuerses especes de coquilles petrifiées, si pres à pres l’vne de l’autre que l’on ne sçauroit rompre le roc d’icelle montagne en nul endroit, que l’on ne trouue grande quantité desdites coquilles, lesquelles nous rendent tesmoignage que elles ne sont venues de la mer, ains ont generé sur le lieu, et ont esté petrifiées en mesme temps que la terre et les eaux où elles habitoient furent aussi petrifiées. Quelque temps apres que i’eus recouuert plusieurs coquilles et poissons petrifiez, ie fus d’auis de reduire ou mettre en pourtraiture ceux que i’auois trouué lapifiez, pour les distinguer d’auec les vulgaires, desquels l’vsage est à présent commun : mais à cause que le temps ne m’a voulu permettre mettre en execution mon dessein lors que i’estois en telle deliberation, ayant differé quelques années le dessein susdit, et ayant tousiours cherché en mon pouuoir de plus en plus les choses petrifiées, enfin i’ay trouué plus d’especes de poissons ou coquilles d’iceux, petrifiées en la terre, que non pas des genres modernes, qui habitent en la mer Oceane. Et combien que i’aye trouué des coquilles petrifiées d’huistres, sourdons, auaillons, iables, mondes, d’alles, couteleux, petoncles, chas-