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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/35

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XXVII

tions sur la constitution des montagnes et des différents sols, sur l’origine des espèces minérales, sur la formation et le mode d’accroissement des pierres, qu’il examine sous leurs divers rapports de forme, de couleur, de cohésion, de poids et de densité. Les cristallisations, les stalactites, les bois pétrifiés, les fossiles, la marne, les faluns, rien n’échappe à ses recherches, et, fidèle à sa méthode habituelle d’investigation, il rattache tous les faits recueillis à quelque vue générale, qui presque toujours est la plus directe et la plus féconde. C’est ainsi qu’il distingue la cristallisation des sels de la congélation des liquides[1], qu’il assimile les pétrifications aux cristallisations, en ce sens que les unes et les autres s’opèrent par l’intermède de l’eau. Après avoir fait justice de l’opinion de quelques physiciens qui regardaient les empreintes de coquillages que l’on remarque dans certaines pierres comme un jeu de la nature, il attribue la formation des faluns, non à des coquilles portées par le déluge sur les plus hautes montagnes, comme le pensaient d’autres géologues, mais à des amas de poissons engendrés sur les lieux mêmes, et qui y sont restés « à mesure que l’eau leur a défailly et que la vase où ils habitoient s’est elle-même pétrifiée. » Il va même jusqu’à prouver, par l’intégrité des parties molles de ces coquilles, qu’elles n’ont pu être transportées par une inondation au lieu où on les découvre, et que, par conséquent, la mer a dû recouvrir les points du globe qui les recèle actuellement[2].

  1. Bacon croyait encore, dans le siècle suivant, que le cristal de roche n’était autre chose que de l’eau si fortement congelée qu’elle ne pouvait plus revenir à l’état liquide.
  2. « C’est là, comme on voit, le commencement, l’embryon de la géologie moderne. On avait bien antérieurement, dans différents ouvrages sur les pierres, soit anciens, soit du moyen âge, soit d’une époque plus récente, traité des questions de physique relatives à chaque masse pierreuse, à la formation des cristaux et à celle des cailloux ; mais la question générale de savoir comment se sont superposées ces immenses croûtes qui constituent aujourd’hui les parties solides du continent, n’avait pas encore été agitée. Elle ne commença à l’être que lorsqu’on se fut demandé d’où provenait cette quantité immense de corps organiques et surtout ces milliers de coquilles qui existent dans quelques parties superficielles du globe. Des hommes pré-