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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/36

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XXVIII

Un petit nombre de pages du Traité de la Marne contiennent en outre plusieurs idées, aussi remarquables par leur nouveauté que par la portée immense de leurs applications. Ainsi, après avoir exposé de la manière la plus claire, et pour la première fois dans les annales de la géologie, le meilleur procédé à employer pour le sondage des terres, il se sert de ce procédé pour montrer que le sol est formé de plusieurs couches ou bancs superposés de terre, de sable, de chaux, de craie ou d’argile, et enfin de roc. « En perçant ce roc, dit-il, à l’aide d’une tariére torciére, on peut encore trouver au dessous des terres de marne, voire des eaux pour faire puits, lesquelles bien souvent pourroient monter plus haut que le lieu où la pointe de la tariére les aura trouvées ; et cela se » pourra faire, moyennant qu’elles viennent de plus haut que le fond du trou que tu auras fait. » Pouvait-on prophétiser d’une manière plus formelle les beaux résultats auxquels est parvenu de nos jours l’art de creuser des puits artésiens ?

Mais où le génie et l’âme puissante, énergique de Palissy se révèlent de la manière la plus complète, c’est sans contredit dans le Traité de l’art de Terre. Déjà, dans un précédent chapitre, il avait donné d’excellents préceptes sur le choix des terres à poterie, l’art de les mettre en œuvre, l’application du feu, les précautions à prendre et les accidents à éviter : dans le traité suivant, ce n’est plus l’ouvrier de terre, c’est le grand artiste qui prend la parole, et qui, par un artifice ingénieux, comme par son propre exemple, montre à quel ensemble de difficultés morales et matérielles doit s’attendre celui qui, dans son art, a résolu de s’élever au premier rang. D’abord, un long débat dans lequel Practique se décide avec peine à révéler à Théorique ce qu’elle a appris par une longue expérience ; puis, après y avoir consenti, elle veut l’avertir des

    tendaient, dans le quinzième et le seizième siècle, que c’était un résultat des jeux de la nature, un produit de ses forces naturelles, des aberrations de sa puissance vivifiante : Palissy expulsa ces erreurs du domaine de la science, » (G. Cuvier, Histoire des sciences naturelles, t. II, p. 231.)