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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/401

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DE LA MARNE.

et exalatiue, ennemie du feu, l’autre est congelatiue, qui cause que la terre qui n’est que poussiere, se tient en vne masse, et s’endurcit au feu : ie demanderay à tous ces dictionnaires si l’humeur radicale qui ioinct les parties de la terre estoit grasse, pourroit-elle endurer le feu ? ne sçayt on pas bien, que toute gresse espesse, oleagineuse brusle au feu, ne sçauons nous pas aussi que les drapiers desgressent leurs draps auec de la terre argileuse, ou de celle de marne ; si elle estoit grasse comment pourroit elle desgresser ? Il y a quelques vns qui pour prouuer qu’elle estoit grasse ont dit que plusieurs puits estoient foncez de terre de marne, voulant par là prouuer qu’elle est grasse : mais une telle preuue n’est pas bonne, car nous sçauons que toute espece de terres argileuses tiennent l’eau durant le temps qu’elles sont sousternées, mais estant tirées de leur fosse elles ne pourroyent tenir l’eau, sinon durant le temps qu’elles seroyent molles comme paste : mais apres que lesdites terres sont succées, elles se viennent à dissoudre soudain que l’on les mettra dedans l’eau ; et si elle estoit grasse, comme on dit, iamais elle ne se pourroit dissoudre en l’eau, non plus que le suif, la cire, la poix-raisine et autres choses grasses. Il est bien certain que si tu prend deux pieces de marne, ou de terre argilleuse, et que tu ayes deux vaisseaux, que l’vn soit plein d’huile, et l’autre d’eau, et qu’en chacun vaisseau tu mette vne motte de marne, ou terre argileuse, que celle que tu mettras dedans l’huile, ne se dissoudra iamais, mais celle que tu mettras dedans l’eau, se creuera et se dissoudra comme vne pierre de chaux, car nous sçauons que les matieres grasses et oleagineuses sont repugnantes à l’eau, et lesdites terres sont composées de matieres aqueuses, parquoy ils ne peuuent se ioindre ny entremesler : il faut donc que ceux qui appellent les marnes et terres argileuses grasses, qu’ils allent chercher autres raisons que celles qu’ils mettent en auant. S’ils appeloient lesdites terres pateuses, ils parleroyent beaucoup mieux et diroyent verité, car nous sçauons que la farine et l’eau ont telle affinité, que soudain qu’elles sont entremeslées, elles se conuertissent en vn corps pateux. Il les faut donc appeller terres pateuses, et non point grasses ou visqueuses.

Theorique.

Ie trouue estrange que tu dis, que non seulement les choses