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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/60

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quels m’ont voulu faire pendre pour leur avoir pourchassé le plus grand bien que iamais leur pourroit aduenir, qui est pour les avoir voulu inciter à paistre leurs troupeaux suivant le commandement de Dieu. Et sauroit-on dire que iamais ie leur eusse fait aucun tort ? Mais parce que ie leur auois remonstré leur perdition au dix-huitième de l’Apocalypse, tendant à fin de les amender, et que plusieurs fois aussi ie leur auois monstré une authorité escrite au prophete Ieremie, où il dit : Malediction sur vous, Pasteurs, qui mangez le lait et vestissez la laine, et laissez mes brebis esparses par les montagnes ! Ie les redemanderay de uostre main. Eux voyans telle chose, au lieu de s’amender, ils se sont endurcis, et se sont bandez contre la lumière, à fin de cheminer le surplus de leurs iours en tenebres, et ensuyvans leurs voluptez et desirs charnels accoustumez. Ie n’eusse iamais pensé que par là ils eussent voulu prendre occasion de me faire mourir. Dieu m’est tesmoin que le mal qu’ils m’ont fait n’a esté pour autre occasion que pour la susdite. Ce neantmoins, ie prie Dieu qu’il les veuille amender. Qui sera l’endroit où ie prieray un chacun qui verra ce liure de se rendre amateur de l’agriculture, suiuant mon premier propos, qui est un juste labeur et digne d’estre prisé et honoré.

Aussi, comme i’ay dit ci-dessus, que les simples
soyent instruits par les doctes, afin que nous ne soyons redar-
guez à la grande iournée d’auoir caché les talens en
terre, comme bien sauez que ceux qui les
auront ainsi cachez seront bannis du
règne éternel, de deuant la face
de celuy qui vit et regne
éternellement au
siècle des
siècles.
Amen.