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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/173

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LE CONTEUR.

égard, l’Espagne est sans rivale. Elle a peu agi sur son génie, il est vrai. Mais quelles impressions il lui a laissées ! Contrée unique, nation qu’on ne saurait trop vanter aux voyageurs, où les douaniers respectent les malles qui portent le nom d’Alexandre Dumas, où les libraires reçoivent l’auteur de Monte-Cristo à bras ouverts, où les professeurs de français quittent leurs occupations pour le piloter, où les grands seigneurs envoient à sa rencontre un équipage pour le recevoir. La Russie aussi est une belle région. Princes et princesses nous font fête. Quant à l’Italie, il y a beaucoup à dire : nous fûmes un peu houspillé à Naples ou à Florence, et nos pièces y sont représentées sous le nom de Scribe. Où Dumas passe inconnu, l’ennui le gagne ; adieu, belle humeur et talent. Là il compile les légendes et propos de concierges. Il pense écrire un de ses mauvais romans.

Mais gardons-nous d’exagérer. La Suisse a le Mont-Blanc et les biftecks d’ours, l’Algérie les Zéphyrs et les femmes arabes, les bords du Rhin leurs châteaux en ruine. Je crois bien que voilà l’essentiel de sa curiosité : la nature et la force majestueuse, la vie matérielle, le courage militaire, l’amour, les traditions et les mœurs. Les courses de taureaux et la chasse, aux loups sont des spectacles où se peint l’énergie en même temps que la race. En présence de l’Escurial, il transcrit les Guides plutôt qu’il n’admire le caractère ou le style de ce monument. Mais sitôt qu’il rencontre la vie, celle qui frappe les yeux, qui réside dans les muscles, qui se distingue par le costume, qui se marque dans les