Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
LE DRAME NATIONAL ET « HENRI III ».

dent dans les indications de la brochure. Je recommande aux amants du pittoresque le décor du dernier acte de Cœlina ou l’Enfant du mystère : lieu sauvage (tout ce qui est sauvage a de la couleur), connu sous le nom de Nant-d’Arpennaz, rochers élevés, pont de bois, vieux moulin avec sa roue qui tourne, torrent, éclairs, tonnerre répercuté par l’écho de la montagne, qui « porte la terreur et l’épouvante dans l’âme ». Bel orage pour un monologue de Triboulet ou pour une orgie à la Tour !

Et il connaît les sources du drame national. Il les exploite, avant les hommes de 1830. Il a lu Shakespeare, Gœthe et Schiller ; il lit Walter Scott. Il adapte des œuvres exotiques moins connues, ainsi que fera Dumas jusqu’à la fin. La Rose rouge et la Rose blanche est de 1809 ; il y a du Shakespeare là-dessous. Il écrit une Marguerite d’Anjou, pièce shakespearienne, un Christophe Colomb, après Lemercier ; il y viole seulement deux unités, au lieu que son devancier avait violé les trois. Dans la Fille de l’exilé ou huit mois en deux heures, il reprend courage et inaugure le drame-feuilleton, où Dumas devait sombrer. Il imite Walter Scott dans le Château de Loch-Leven[1]. Il adapte Kotzebue, transpose Guillaume Tell (1828). Dès le début de sa carrière Gœtz de Berlichingen, les Brigands, Fiesque lui sont familiers. Gœtz lui a fourni nombre de scènes d’assauts ou de batailles. Charles le Téméraire est de 1814. On y trouve l’attaque de Nancy et les Bourguignons noyés par des torrents d’eau qu’on voit arriver et bouillonner. Gœthe n’avait pas rencontré cet effet-là. La même pièce emprunte de la Pucelle d Orléans son dénoûment qui se complique d’un changement à vue, dont en une note l’auteur s’excuse. Il

  1. Voir l’Abbé, ch. xxi sqq.