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DRAMES TRAGIQUES.

Et j’entends une voix qui me dit : « Tu mourras ! »…
C’est la voix du tombeau constante et douloureuse
Qu’au cœur du condamné cette voix est affreuse,
Et, quand au moindre bruit, moi, je me sens frémir,

Il est des condamnés que l’on a vus dormir !
Dormir ! Je vais déjà[1]


Et elle dit seulement :

Et j’entends une voix qui me dit : « Tu mourras ! »
Mourir ? Je vais déjà[2]


L’adieu de Monaldeschi aux champs paternels, vague réminiscence de celui de la Pucelle d’Orléans, a été fort restreint. Il s’espaçait d’abord en vers de complainte :

Italie ! Italie ! En tes heureux climats

Toujours le ciel est pur et le sol sans frimas,
 
Tout est là ; chaque objet me rend sa douce image,

C’est un astre, une fleur, un buisson, un feuillage…


Plus loin huit autres sont coupés, assez maladroitement : car la coupure obscurcit le texte. Monaldeschi, suppliant Christine, s’écriait longuement :

 
 
Eh bien, j ai mérité la mort la plus affreuse…

Mais votre âme pour moi toujours si généreuse
Doit comprendre que l’homme en de certains moments
Ne saurait résister à ses égarements.
Il cède à son destin qui malgré lui l’entraîne.
Il est coupable alors sans mériter de peine.
Il peut fléchir encor le cœur qu’il a blessé.

Oh ! je l’avais bien dit, je suis un insensé !
Je suis un malheureux[3]
  1. Manuscrit original. Cf. Christine, V, sc. i, p. 276, vers 3.
  2. Manuscrit original. Cf. Christine, ibid., p. 277, vers 4 sqq. Ces quatre vers encadraient les cinq qui restent : « Champs paternels… » jusqu’à « Dieu !… Que faisiez-vous là ? »
  3. Manuscrit original. Cf. Christine, V, sc. vi, p. 285, vers 16. La coupure fait tort au sens. « Oh ! je suis insensé… Je suis un malheureux, etc. »