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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/32

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

d’abord le plus volontiers, c’est Buffon, Robinson Crusoé, la Bible, la Mythologie (il la connaissait à fond ; il y paraît dans ses romans), et les Mille et une Nuits. Le mélange n’est pas trop disparate : Buffon et Robinson, la science et le roman de la nature ; les Mille et une Nuits[1], la fête de la fantaisie ; la Mythologie et la Bible, l’histoire du merveilleux païen et le poème de l’humanité. Jusqu’ici le hasard n’a pas mal fait les choses. Puis Télémaque, adaptation française de l’Odyssée, où poésie, merveilleux, nature, mœurs, se retrouvent en raccourci, avec une pointe d’imagination chimérique. Cependant il traduit Virgile et Tacite sous l’abbé Grégoire : mais son professeur lisant le latin en des éditions enrichies d’une traduction, il subtilisait la traduction et pratiquait peu le texte. L’abbé Fortier, qui fut son premier pédagogue pendant une courte scolarité, semble avoir été aussi solide[2].

Une épigramme d’un compatriote, Auguste Lafarge, lui tombe alors entre les mains. Il prie bravement son maître de lui apprendre à faire des vers français[3]. Villers-Cotterets s’enorgueillissait d’avoir nourri deux poètes : l’un, Demoustiers, son mort illustre, l’autre, qui est tout justement notre abbé, rimeur officiel de toutes les fêtes patronales ou autres. Dumas s’exerça sur des bouts-rimés : après huit jours, il a en avait assez[4]  ». Quoiqu’il ait écrit, en dehors du théâtre, beaucoup plus de poésies qu’on ne croit communément[5], il en aura assez pendant toute sa vie. Il sentira et déplo-

  1. Mes mémoires, t. I, ch. xxi, p. 230, ch. xxii, p. 248, ch. xxiii, p. 250, et ibid., p. 252.
  2. Ibid., t. II, ch. XXXII, p. 37, et t. I, ch. xxvii. Cf. Ange Pitou, t. I, pp. 5 à 12.
  3. Mes mémoires, t. II, ch. xxxii, p. 36.
  4. Ibid.
  5. Voir Ch. Glinel, op. cit., passim.