Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

Mais la crise morale et le drame social éclatent à l’acte suivant, et veulent plus de souplesse dans la composition. Pour les mêmes motifs il remanie la scène du médecin[1]. Antony est blessé ; on l’a porté dans l’appartement d’Adèle[2]. Dumas met en lumière l’inquiétude de la pauvre femme, sa crainte qu’en ouvrant les yeux le blessé ne prononce son nom devant ceux qui le soignent, son désir d’écarter tout le monde, même le docteur. La scène était seulement indiquée dans le manuscrit. Il précise, il détaille, il coupe })ar vingt réticences le dialogue définitif, tant et si bien qu’Olivier la regarde, et que la voilà presque compromise, cet Olivier étant du dernier bien avec la vicomtesse, qui n’est point mal avec madame de Camps, la bonne langue[3]. Le « monde » observe Adèle.

Plus cet Antony, jadis distingué par elle, à cette heure blessé pour elle, et soigné chez elle, sera hors de la norme par son tour de tête et son amour, plus dramatique apparaîtra le contraste entre la passion

  1. Manuscrit original, I, p. 8. Cf. Antony, I, sc. v, pp. 169 et 170.
  2. A. de Musset u repris la scène en s’amusant. Cf. Il ne faut jurer de rien, I, sc. i, p. 347 ?. « Ah ! mon Dieu ! Un mort qui m’arrive !  »
  3. Notons que ces retouches sont parfois trop hâtives. Le médecin Olivier dit à Adèle (I, sc. v, p. 169) : « Les termes scientifiques vous effrayeront peut-être ? — Oh ! non, non, pourvu que je sache… Vous comprenez, il m’a sauvé la vie… c’est tout simple. — Oui, sans doute, madame… Eh bien, le timon, en l’atteignant, a causé une forte contusion au côté droit de la poitrine. La violence du coup a amené l’évanouissement. J’ai opéré aussitôt une saignée abondante… et maintenant, du repos et de la tranquillité feront le reste… »
    Les termes scientifiques, ou à peu près, sont restés dans le manuscrit : « Le timon, en l’atteignant, a causé une forte contusion ou équimose (sic) au côté droit de la poitrine… La violence du coup a amené l’évanouissement. J’ai opéré à l’instant une saignée abondante, pour empêcher la congestion du sang au poumon. » (Manuscrit original, I, p. 7.)