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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/34

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

lit le roman d’Ugo Foscolo, imitation de Werther, qu’il traduira plus tard et publiera sous ce titre : Dernières lettres de Jacopo Ortis. « Ce livre me donna une idée, un aperçu, une intuition de la littérature romanesque, qui m’était tout à fait inconnue[1]. » L’étude de l’allemand le décourage ; Schiller, à qui il doit beaucoup, il le lira traduit. Pour Shakespeare, il lui fut révélé d’abord par une troupe d’élèves du Conservatoire venus à Soissons pour représenter l’Hamlet de Ducis. Il ne connaissait alors ni Ducis ni Hamlet. Même Corneille et Racine, que sa mère lui avait mis entre les mains, l’avaient « prodigieusement ennuyé[2] ». Mais cette soirée de théâtre lui produisit un effet « prodigieux[3] ». Il y a toujours du prodige dans ses premières impressions : s’il est ignorant, il ne sent pas à demi.

Puis, il parcourt le Louis IX d’Ancelot et les Vêpres Siciliennes de Casimir Delavigne, les œuvres dramatiques du jour, que lui envoie de Leuven. Il n’en est point illuminé. Cela n’appartenait pas « à cet ordre de littérature dont il devait être appelé un jour à sentir, à comprendre et à essayer de reproduire les beautés[4] ». De Leuven était destiné à mieux réussir par ses confidences que par ses envois. Cependant de la Ponce lui ayant lu, d’aventure, la ballade de Bürger intitulée Lénor[5], avait mis le feu aux poudres. Cette poésie exotique et rêveuse différait sensiblement des concetti de Demoustiers, des rimes amoureuses de Parny, et des élégies du chevalier Bertin. Sur l’heure même, il avait essayé vainement de la traduire en vers. L’Allemagne

  1. Mes mémoires, t. II, th. liii et liv et notamment p. 241.
  2. Mes mémoires, t. II, ch. lv, p. 250.
  3. Mes Mémoires, t. II, ch. lv, pp. 249-250.
  4. Mes Mémoires, t. II, ch. lviii, pp. 290-292.
  5. Mes mémoires, t. II, ch. lix, pp. 300-301.