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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/366

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

acheter le dénoûment par l’attaque de la chaise de poste, ce dénoûment, pour peu qu’on en transpose le langage, contient au moins une scène de premier ordre, celle de l’ambitieux qui se retrouve en présence de sa femme, de la créature qui entrave son avenir et lui ravit un beau mariage. Alphonse Daudet se souviendra au moins de la situation, s’il n’a pas le courage de jeter Marie Anto par la fenêtre[1]. Et ainsi ce drame shakespearien, où le mélodrame déborde, est plein d’une vigueur et d’une vérité dont le théâtre réaliste fera son profit.

Richard est moins littéraire qu’Antony. Il s’est débarrassé du bagage pessimiste de Werther et de Franz. De rien qu’il était né, il veut être tout, et très vite, comme avec concupiscence. Il marque une date de notre histoire : avant 1789, polémiste ; après 1850, positiviste ou ironiste. Il est une volonté au service de l’ambition : le produit immédiat du premier Empire. À l’exemple de Napoléon, il divorcera pour fonder solidement sa fortune politique, sinon sa dynastie. Comme lui, sorti de la foule obscure, il guette son moment ; pour son coup d’essai, il veut être premier ministre, sinon premier consul. Il s’évertue dans le sillage éblouissant de la légende. Il est le premier de ces corsaires de l’action sans scrupule et sans idéal, qui courent après leur Brumaire, et que poursuit la tare originelle de leur fortune : Vernouillet ou Paul Astier. Alphonse Daudet a nettement vu la filiation. « Le divorce par amour, dit en souriant son petit féroce. Napoléon et Joséphine[2]. »


    terdam pour la première moitié de la scène et surtout la p. 105. — Ibid., p. 109. Cf. Le Fils naturel.

  1. Il a songé au poison. Voir la Lutte pour la vie., IV, sc. vi, pp. 124 sqq.
  2. La Lutte pour la vie, I, sc. viii, p. 24.