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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/175

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L’UNION TOLSTOÏ

souffle effrayant des prochains vandalismes. Oui, malheur à l’œuvre séculaire de l’humanité réfléchie, quand les fanatiques de la Justice se heurteront à l’Intelligence ! Il pesait d’ailleurs sur la réunion, depuis le commencement, un malaise latent que la phrase de Riouffol fit soudain éclater en exclamations passionnées.

— « Mais c’est pour vous que nous travaillons dans les laboratoires… ! » s’écriait Bobetière.

— « Nous sommes vos délégués à la science, voilà tout… » disait Crémieu-Dax.

— « Alors, pourquoi veux-tu nous imposer ici un délégué à l’ignorance ?… » répliqua Marius Pons.

— « Mais quand ce ne serait que pour l’instruire !… » reprit Crémieu-Dax.

— « Tu as donc inventé une seringue pour injecter de la lumière dans la pie-mère d’un cléricaleux ?  » dit Bosselot le cacographe.

— « Les leçons de choses sont les plus efficaces, » répondit Crémieu-Dax, avec autant de sérieux et de calme que si la question de l’électricien n’eût pas été posée dans ce langage d’une truculence falote. « Moi qui te parle, c’est en visitant l’un des settlements de Manchester, par hasard, au cours d’un voyage, que j’ai compris, ce que je ne soupçonnais pas, quelle bienfaisante éducation les classes supérieures pouvaient recevoir des classes inférieures… »

— « Ils avaient des prêtres catholiques chez eux, à Manchester ? » interrompit Riouffol. Et il