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Page:Paul Bourget – L’étape.djvu/301

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UN CŒUR DE JEUNE FILLE

— « Tu as donc été bien malheureuse, ici ? »

— « Bien malheureuse !… » répondit-elle, attendrie une seconde par le changement d’accent de son frère. Mais c’était trop tard, et elle se reprit soudain, raidie dans cette attitude de sauvagerie qui lui était coutumière, comme si son cœur d’enfant précocement désenchantée se rebellait contre la sensation d’être plaint. Elle obligea son frère de clore cet entretien en ouvrant la porte de sa chambre, et, appelant la bonne :

— « Maman m’a chargée, avant de sortir, de donner quelques ordres à Pauline, » dit-elle à Jean, « laisse-moi m’en occuper. Cela vaudra mieux que de perdre notre après-midi à nous faire mal… »